Date de parution
04 février 2010
ISBN
9782918135036
Prix
17,50 €
Nombre de pages
192
Format
210mm x 135mm
Poids
240g
Formats inclus gratuitement :
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Date de parution
04 mai 2010
ISBN
9782918135135
Prix
5,90 €
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Mordre la poussière


Quelques mots sur le livre

Il y a des claques qui se perdent et d'autres qui se méritent. Celles que distribue Dominique Julien à l'humanité rampante des chefaillons et des idiots sont à classer dans la seconde catégorie. L'époque contemporaine est au cynisme ? Les anti-héros trempés dans l'acide et la vengeance naissant sous la plume lucide et percutante de ce jeune auteur savent la rendre plus lunaire. Et encore plus grinçante. Le monde de Dominique Julien se situe quelque part entre les mythes modernes des champions sculptés et les affres douloureusement drolatiques des condamnés à la débine, ce peuple éveillé qui garde rage et ironie du fond de sa précarité.

Quatrième de couverture

Voici neuf nouvelles traitant joyeusement de quelques abominations du monde contemporain : la vie de l’entreprise et sa prodigieuse capacité à produire des caricatures, le travailleur précaire soumis aux diktats des petits chefs, l’ancien éditeur devenu sdf à force d’échecs éditoriaux et jeté en prison pour ne pas avoir honoré ses dettes et payé ses droits d’auteurs. Écrites sur un ton nerveux et vengeur, ces nouvelles manifestent avec un brio remarquable les ressources de baroque des situations les plus banales. Dom, le facteur en contrat à durée déterminée, décide d’attraper le même cancer qu’Armstrong pour gagner le Tour de France. Philoche, l’éditeur désargenté et emprisonné, est secouru par ses amis clochards qui rivalisent d’astuces pour réussir à payer sa caution. Hansen, le manager looser, bousille les disques durs de ses collègues et se hisse ainsi sur la plus haute marche du podium des commerciaux sans états d’âme…

Vidéos

Interview auteur : Dominique Julien sur Mordre la poussière

Dominique Julien nous parle de son recueil de nouvelles, Mordre la poussière - Tentative d'explication du XXIème siècle en 9 nouvelles

Votre nouveau roman, Mordre la poussière, tentative d’explication du XXIe siècle en neuf nouvelles, paraît aux éditions Dialogues. Donc, un même thème, la précarité, traverse vos nouvelles comme un fil rouge. Pourquoi un tel attachement à ce sujet ?

Tout simplement pour une raison qui tient à mon vécu personnel puisque, après des études assez longues, des études de philosophie, je n’ai pas réussi à obtenir immédiatement un poste de professeur, et j’ai donc dû, en fait, m’orienter vers des petits boulots, comme on a coutume de dire. Donc, dans un premier temps, j’ai travaillé pour La Poste, j’étais facteur CDD, notamment ; j’étais aussi distributeur de publicité. J’ai fait encore d’autres petits boulots, et je me suis retrouvé, donc, dans l’édition, à Paris, à cumuler, non pas des contrats mais tout simplement des stages. Et donc, en fait, je suis parti de cette expérience-là pour rédiger un certain nombre de nouvelles qui tournaient autour de cette thématique de la précarité.

La Poste, la difficulté de publier un premier roman, sont des thèmes qui traversent vos nouvelles, est-ce que cela reflète votre propre chemin ?

Voilà, exactement, notamment ce qui concerne, en effet, la difficulté de trouver un éditeur. J’ai mieux compris cette difficulté de trouver un éditeur lorsque moi-même j’ai travaillé dans l’édition, parce que je me suis rendu compte que même un petit éditeur reçoit jusqu’à… on va dire, cinq manuscrits par jour. Évidemment, il est extrêmement difficile de faire le tri dans ce genre de manuscrits.

Dans "La Caution", vous mettez en scène un personnage singulier, un peu aux abois, qui est victime d’une descente aux enfers. Pouvez-vous nous parler un petit peu plus de ce personnage ?

Alors, en fait, c’est un personnage de roman, on va dire, qui s’appuie un peu sur un personnage réel, puisque c’est un des éditeurs que j’ai été amené à côtoyer, et ce qui m’a beaucoup plu, en fait, dans ce personnage réel, c’est sa familiarité avec des personnages de Louis-Ferdinand Céline, notamment, dans Mort à crédit, à savoir une sorte d’inventeur, inventeur à la fois fou et génial qu’on trouve dans la deuxième partie de Mort à crédit. J’ai essayé de combiner un peu les deux personnages pour produire ce personnage irréel qu’on trouve, donc, dans cette fameuse nouvelle, "La Caution". Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que, lorsque je travaillais dans de toutes petites structures, ces petites structures-là avaient énormément de difficultés financières, et ces difficultés financières en question m’ont inspiré pour, là encore, écrire cette nouvelle qui s’intitule La Caution, et pour écrire une autre nouvelle qui s’intitule Ma Mise au pilon, qui est, en fait, l’histoire de ma première publication. On va dire ça comme ça. Savoir la difficulté d’intéresser les médias, la difficulté de la mise en place des livres dans les librairies, et puis aussi, donc, les espoirs un peu déçus, puisque lorsqu’on publie un livre, on a toujours l’espérance d’en vendre des mille et des cents, enfin plutôt des mille que des cents, puis finalement, on voit que, quand on arrive à cinq cents exemplaires de vendus, on est extrêmement contents ou, en tout cas, on doit être extrêmement contents.

Vous écrivez : « La connerie, l’hypocrisie, le sadisme, les pires sentiments humains tapaient dur au bureau. Mon gilet pare-balles, j’allais devoir apprendre à en doubler les mailles. Il faut ce qu’il faut. » Décriviez-vous, par là, notre société et le comportement, en fait, qu’elle nous pousserait à adopter parfois ?

Alors, ça, c’est un passage qui est emprunté à une nouvelle qui porte sur le monde de l’entreprise, et le management notamment, et ce qui m’a plu, là-dedans, enfin surtout ce qui m’a interpellé, dans un premier temps, c’est que j’arrivais pas à comprendre pourquoi, dans les livres qui parlent de management, on ne trouvait pas l’ambiance véritable qui régit ce genre de milieux. Dans un premier temps, je dois dire aussi que, lorsque des copains managers m’ont parlé un petit peu de l’ambiance dans laquelle ils travaillaient, je les ai pas crus. Je trouvais ça totalement extravagant. Et je me suis dit, j’ai essayé de recouper un peu les témoignages, et je me suis rendu compte, en creusant un peu que, dans beaucoup d’entreprises de management, c’était ce genre d’ambiance-là qu’on retrouvait. On a un regard un peu trop extérieur par rapport à ce qui se passe – pas tout le temps, c’est vrai, mais assez souvent – dans le monde de l’entreprise. Le but, c’était de rendre crédible cette fameuse extravagance.

Lorsqu’on m’a demandé… lorsque Charles Kermarec, pour ne pas le citer, m’a demandé d’écrire des nouvelles, dans un premier temps je me suis interrogé sur la thématique. Donc j’ai trouvé la thématique de la précarité, de façon beaucoup plus générale, la thématique de la souffrance, et, après, il a fallu écrire, évidemment, toutes ces nouvelles-là. Moi, comme j’ai coutume de me référer souvent au sport, ce que j’ai fait c’est que j’ai regardé les premiers combats de Tyson, donc c’est un grand boxeur. Et j’avais envie de faire un truc identique, à savoir quelque chose qui est dur, mais qui est aussi léger dans le style. En fait, c’est à la fois une écriture de dénonciation, puisqu’il faut parler… il faut mettre le doigt, je dirais, là où ça fait mal. Des choses dont on ne parle pas forcément tout le temps dans les médias, même si le thème de la précarité c’est un thème qui revient quand même assez souvent. Et l’idée d’une défense, au sens où il y a des gens qui vivent encore ça aujourd’hui. Donc, aujourd’hui… je dirais aussi : hier. C'est-à-dire, qu’en ce moment on nous dit : « Voilà, les gens souffrent parce que c’est la crise. », mais avant la crise, c’était déjà la crise, et on en parlait pas autant, de ces choses-là. Donc je voulais en fait dénoncer le fait que ça existe depuis bien avant la crise, et puis aussi l’idée de me faire, entre guillemets, même si ça fait un peu prétentieux, le « porte-parole » de cette génération qu’on a tendance à trop caricaturer.

Pouvez-vous nous parler de la nouvelle qui, selon vous, en fait, reflète le mieux l’ensemble, l’atmosphère de votre recueil ?

Disons qu’il y a deux nouvelles que j’aime beaucoup, enfin… je me permets de dire ça ! C’est la première nouvelle, donc, sur La Poste, qui s’intitule "Le Crabe ne m’aura pas". C’est une nouvelle qui m’intéresse, tout simplement parce que, dans cette nouvelle-là, on trouve une référence à quelqu’un que je cite souvent, donc, un grand sportif qui s’appelle Armstrong, que tout le monde connaît, évidemment. Et c’est un personnage qui a été extrêmement important pour réussir, entre guillemets, à m’en sortir. Pourquoi ? Parce que, comme chacun sait, il a lutté contre la maladie, il s’en est sorti et puis il est devenu, après, plus fort que ce qu’il était avant. C’est ce que les grands penseurs des sciences humaines américaines nomment la résilience, et, justement, lorsqu’ils parlent de la résilience, ils font très souvent référence à Armstrong.

Deuxième nouvelle qui m’intéresse… enfin… qui me semble pas trop ratée, on va dire, c’est la nouvelle qui s’intitule "La Péniche". Pourquoi ? Parce qu’elle montre bien la culture d’entreprise, quelque chose qui me semble vulgaire, qui me semble grossier, et, le pire, qui transforme des êtres humains en des caricatures, et souvent en des personnages grossiers. Nature qu’ils n’ont pas, donc s’ils deviennent grossiers, c’est à cause du milieu dans lequel ils évoluent. Voilà.

Le XXIe siècle n’est pas fini. Êtes-vous plus optimiste pour la suite ?

Alors là, franchement, j’ai pas le talent de prophétie… C’est une question à laquelle il est assez dur de répondre. J’ai l’impression, en fait, que lorsqu’il y a prise de conscience, que ce soit par les hommes politiques de droite ou de gauche, peu importe, j’ai l’impression que, après, leurs… comment dirais-je ? leurs efforts sont rarement payants. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas la volonté de changer les choses, mais il y a tellement de contre-pouvoirs, en fait, dans l’économie notamment, qu’il va être assez difficile de, entre guillemets, même si j’aime pas du tout ce mot-là, de « révolutionner » la société dans laquelle on vit. Le problème, aussi, c’est qu’il faut se méfier des extrémismes politiques, qu’ils soient de droite, évidemment, ça va sans dire, ou qu’ils soient aussi d’extrême-gauche. À savoir que je pense que, bon, l’extrême-gauche dit des choses intéressantes mais, à mon avis, elle a absolument aucun moyen de changer les choses et son action n’a pas possibilité d’efficacité. C’est ça le problème.

Merci beaucoup, Dominique Julien !

De rien. Merci à vous.