Date de parution
11 avril 2013
ISBN
9782918135722
Prix
19,90 €
Format
210mm x 135mm
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Date de parution
22 mai 2013
ISBN
9782369450238
Prix
14,90 €
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Dieu m'étonnera toujours


Quelques mots sur le livre

Ce récit est teinté d'un érotisme délicat propre à Claire Fourier, une voix singulière dans la création littéraire française contemporaine.

Quatrième de couverture

Une femme se retire (pourquoi ?) dix jours en août dans un monastère de la Chartreuse abandonné par les moines et qui accueille des laïcs. Dans la chaleur de l’été, quasi nue et chaussée des grandes bottes de jardinage masculines dénichées dans l’atelier, elle met ses pas dans les pas du Chartreux, entreprend de nettoyer son jardin en friche, évolue comme chez elle dans la maison de l’ermite absent dont, épousant la manière de vivre, elle s’éprend peu à peu. Tout regard et tout ouïe, elle médite, plus qu’elle ne se perd en oraisons, et note, ivre de splendeur inattendue, ce qui lui passe par la tête. Ahurissement, vénération, sentiment aigu de la nature, de l’amour, du temps, de Dieu (elle se dit qu’Il n’est jamais où on L’attend et qu’Il a plus d’un tour dans son sac). Elle écrit l’incorrigible balancement de ses impressions, les pensées contradictoires, les idées folles qui l’assaillent dans un lieu strictement soumis à la règle monastique. Elle pense au monde. Un an plus tard, reprenant ces « suites pour le temps qui passe », la femme celte et panthéiste retrace avec autant de fantaisie que de rigueur, au fil d’une prose entrecoupée de poèmes brefs dans l’esprit du haïku, un séjour intemporel et divinement païen à la Chartreuse.

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Critique : "Claire Fourier nous étonnera toujours"

Article publié dans Ouest-France le 7 avril 2013

C'est peut-être l'effet pape avec son cortège de simplicité, d'incitation à une prière nomade. En tout cas, on prend plaisir à se retirer dans la lecture de « Dieu m'étonnera toujours », le dernier livre de Claire Fourier. Une bulle de silence, rythmée par les cloches, gorgée de douceur. Une quête paradoxale du rien et du tout. Elle, la femme, a fui les mauvaises herbes de sa vie quotidienne pour arracher celles du jardin d'un moine, et redonner sens aux gestes, au corps, au temps oublieux. « J'ai le goût du concret », avoue-t-elle tantôt grattant, arrachant, tantôt lézardant « sous le soleil d'août qui tapait dur ». La Chartreuse. Halte nécessaire pour mieux repartir, même si, Claire Fourier le confirme : « À la relation être humain-Dieu, je préfère tout de même la relation homme-femme. » Enserrés entre les chapitres, comme les planches d'un herbier, des poèmes, courts refrains de sa ballade amoureuse avec le divin, pousses naissantes d'un désir suave. Ce moine n'est pas n'importe qui, c'est « le menuisier du ciel ». Elle se glisse dans son ombre, son absence-présence. « J'aimais un fantôme - et je m'aimais l'aimant. » Rangeons les bondieuseries. Ce n'est pas là qu'il faut chercher. Claire Fourier ose franchir le seuil : « Dans un jardin clos, quasi nue, chaussée des bottes d'un Chartreux, j'ai arpenté le ciel. » Qu'on le veuille ou non, son energie cosmico-érotique est contagieuse. « Amen.» On se rend de bon coeur. C'est diablement bien écrit.

Par Dominique Cresson.

Claire Fourier en questions par Jérôme Enez-Vriad

L'intégralité de l'interview est à lire sur www.unidivers.fr

En vous lisant, j’ai pensé à la danseuse étoile Mireille Nègre qui a intégré le carmel à l’âge de 28 ans pour, fait rarissime, en ressortir « vierge consacrée » 10 ans plus tard. Le plus difficile est-il d’entrer en retraite ou d’en sortir ?

Me retirer dans un ermitage fut aisé : une exigence intime avait commandé le départ que j’attendais depuis des mois (me suis trompée de jour, tellement j’avais hâte ! Compris mon erreur, une fois le billet composté). Demeurer dans le silence et la solitude extrêmes fut difficile. Quitter le monastère a été facile : plaisir de retrouver mes frères humains, leur turbulence, et un peu de coquetterie. Ce qui est très, très difficile c’est, une fois revenu dans la ménagerie humaine et la quincaillerie culturelle, de se tenir à la hauteur de ce que l’on a vécu au cloître. On a peine à imaginer dans la vie séculière l’immensité intérieure que l’on ressent dans la vie régulière, l’aristocratie du cœur qui nous y vient, et combien on s’y prend à « seigneuriser » l’ordinaire. On se soumet à la règle… et tout en nous est dérégulé ! Il faut tout mettre à plat, tout repenser. Mireille Nègre. Oui, la danseuse-étoile devenue religieuse, revenue à la vie civile, m’est fraternelle. Nous avons séjourné elle au Carmel, moi à la Chartreuse. Elle, plus longtemps que moi et en véritable chrétienne. (Le jardinage surtout fut ma prière.) Mais nous avons dansé, spiritualisé notre corps, transfiguré le sensuel en spirituel, conscientes que le corps est dans l’âme et non l’inverse, sûres que Dieu danse en nous… et même que Dieu nous danse. La différence : elle est du côté de Marie, de la Vierge ; je suis du côté de sainte Anne, amante, épouse, mère et grand-mère, ayant choisi d’assumer, comme la plupart des femmes, toutes les facettes de la condition féminine. — Elle est dans l’Agapé, je suis encore dans l’Éros.

La première phrase de votre livre est : « L’an passé, j’ai fait un voyage au pays de Dieu. » Et les derniers mots : « En m’exerçant bien, je trouverai un moyen d’attraper la Lune. » Croire est-il un voyage qui mène à se surpasser, à attraper la Lune ?

Est-ce que je crois ? Je suis une « mal-croyante », voilà ce que je crois ! Il manque des barreaux à mon échelle pour attraper la lune, et je rate bien des marches dans mon dépassement de soi. En fait, je veux moins décrocher l’astre lunaire que l’atteindre et m’y appuyer un moment. — À l’instar de Pierrot : il ne décroche pas la lune, il s’y hausse, s’y love, s’y déploie et de là-haut verse sur ici-bas une larme qui illumine la terre et la transforme. (Chut, il m’arrive de me demander si je n’évolue pas dans un jeu avec le désir de Dieu.).

Le surpassement ne va-t-il pas à l’encontre de toute humilité indispensable à la foi ?

Humus/humilité/homme. L’humilité est le terreau de l’homme — et son tremplin. L’humilité propulse le surpassement, les deux se marient donc très bien. Je suis encline à penser que la foi commence avec cette alliance-là.

Page 102, vous évoquez joliment cette humilité en inversant les rôles : « En fait, n’était-ce pas Dieu qui posait la tête sur mon épaule ? »Mais au delà de cette très belle image, croire mène-t-il à relever la tête par certitude, ou à la baisser par humilité ?

Croire mène plutôt à relever la tête par incertitude, me semble-t-il. On s’ébroue mentalement : on secoue la tête, la baisse et la relève, on s’incline et se redresse. Somme toute, il s’agit non d’être exaucé, mais de s’exhausser… Croire, c’est une histoire de port de tête ! — Et quelle douceur, n’est-ce pas, dans l’idée que Dieu pose sa tête sur notre épaule. Y a-t-il plus douce douceur ?

Est-il préférable de croire ou d’avoir le sens du divin ?

Avoir le sens du divin est préférable ! Sentir que quelque chose est plus fort que moi, qui me déborde, me force tantôt à la lutte, tantôt à la reddition, me passionne. Le goût de l’écart fait pousser des ailes et nourrit le goût de la transcendance. — Avoir le sens du sacré, voilà ce qui est bien.

(...)

Dans la presse