Date de parution
04 février 2010
ISBN
9782918135029
Prix
17,50 €
Nombre de pages
172
Format
210mm x 135mm
Poids
220g
Formats inclus gratuitement :
  • Ebook - format EPUB
  • Ebook - format PDF
  • Ebook - format PDF EReader
  • Ebook - format HTML
Où acheter ce livre :

Livre numérique
Acheter
Date de parution
04 mai 2010
ISBN
9782918135111
Prix
9,90 €
Formats inclus gratuitement :
  • Ebook - format PDF EReader
  • Ebook - format HTML
  • Ebook - format PDF

La diagonale du traître


Quelques mots sur le livre

"Les 1001 et une trahisons" pourrait être le sous-titre de ce recueil. A travers douze fictions corrosives et cruelles, Hervé Hamon nous fait voyager dans la géographie et la sociologie du mensonge. Du traître, il a déniché un conservatoire, la politique, une académie, les arcanes de la communication et de l'édition, et des laboratoires très actifs, le couple ou l'amitié. S'il lui donne une histoire et un passé, Hervé Hamon ne doute pas un seul instant que la trahison a surtout de l'avenir. Tant qu'il y aura de l'humain en nous...

Quatrième de couverture

Le traître, disait Kundera, est celui qui sort du rang et part dans l’inconnu.Voici douze traîtres, douze traîtrises. Les unes sont dramatiques, les autres font sourire, et parfois, on se demande jusqu’au bout qui trahit, qui est fidèle, qui a raison, qui a tort.Traîtres de la guerre froide, traîtres en amour, traîtres politiques, traîtres inattendus, traîtres héroïques, traîtres lamentables,Hervé Hamon nous rappelle que sans Judas, Jésus aurait eu du mal à se proclamer Dieu.

Vidéos

Interview auteur : Hervé Hamon et La Diagonale du traître

Hervé Hamon nous parle de son recueil de nouvelles, La Diagonale du traître.

Vous publiez La Diagonale du traître, recueil de nouvelles, aux éditions Dialogues.fr. Écrire des nouvelles, était-ce, pour vous, un exercice de style particulier ?

Ah oui ! Oui, oui, c’est tout à fait particulier. J’ai déjà écrit des nouvelles, mais, en fait, à l’unité. C'est-à-dire que j’écrivais pour des revues, pour des choses comme ça. Et c’est la première fois que je pense un recueil de nouvelles. Et je me suis rendu compte qu’il faut vraiment – c’est par rapport à un roman –, il faut tout redémarrer à chaque fois. Et, je trouve que c’est à la fois excitant, parce qu’on peut écrire à la première personne, on peut écrire à la troisième personne, on peut écrire au présent, à l’imparfait, au passé simple, enfin on peut prendre… on peut faire tous les choix d’un roman, sauf que, pour un roman, on le fait une fois pour toutes, et après on laisse ses personnages courir. Et là, il faut recommencer sans arrêt, et c’est génial. C'est-à-dire que c’est vraiment qu’on a une espèce de liberté littéraire et aussi un peu de travail, un peu plus de fatigue que d’habitude, disons.

La trahison, comme fil conducteur de vos douze nouvelles, pourquoi ce choix ?

Ah c’est formidable ! C’est formidable. C’est comme la vengeance, c’est vraiment, là, franchement, il y en a douze, on aurait pu en faire cent quarante-quatre, je veux dire, c’est évident que… La diagonale, c’est vraiment quelque chose qui traverse tout le monde et, évidemment, j’ai voulu, là-dedans, pas prendre des traîtres élémentaires, quoi, juste des méchants, des affreux, etc. Non, ça, ça n’a pas d’intérêt, j’ai voulu chercher des nouvelles où on se demande si le traître n’a pas raison, on se demande si c’est pas l’autre le traître, enfin… Finalement, j’ai pris en exergue la phrase de Kundera : « Trahir, c’est se lancer dans l’inconnu. » J’ai essayé de faire des traîtres ambigus et intéressants. Et ça, c’est inépuisable, c’est complètement inépuisable, parce que, par exemple, pour prendre une histoire simple, le monsieur qui se fait virer du parti communiste, dans les années soixante, après la guerre d’Algérie, parce qu’il a trahi la ligne du Parti. Qui avait raison ? Qui a trahi ? Etc. Tout est comme ça.

D’ailleurs, le milieu politique revient dans plusieurs de vos nouvelles. Pensez-vous que ce soit un terreau fertile à la trahison ?

Oh bien oui ! (rire) C’est une école et c’est un modèle de la trahison. Je ne veux pas dire, je ne veux pas du tout dire qu’en politique on apprend qu’à trahir. Je pense même que les politiques les pires sont souvent ceux qui gardent la même ligne toute leur vie. Donc, c’est pas ça… Là aussi, la compréhension du terme demande un peu à être subtil. Je pense qu’un politique, c’est quelqu’un qui réagit à l’événement, donc il est amené, finalement, à changer, à bouger dans sa tête, à se déplacer. Mais, en tout cas, la structure partisane est éminemment propice à la trahison et, surtout, à la détestation du proche. C'est-à-dire, c’est pas l’ennemi qu’on déteste, on s’en arrange très bien, c’est le proche.

Que l’on soit une apprentie chanteuse, un scientifique, un écrivain parisien ou un guide indien, la trahison semble toucher chacun d’entre nous ?

Moi je pense que oui, c’est quelque chose qui nous traverse. Je me rappelle très bien Louis Guilloux, que j’ai connu, tout enfant, mais c’était l’ami de mes parents. Il me disait qu’il avait vécu l’accès à la culture, et le fait d’écrire, comme une trahison, une trahison de son milieu d’origine, de son père, qui était cordonnier, et… la culture, pour lui, c’était déjà une trahison. Non, de ce côté-là, on y a tous droit. Enfin, je veux dire, il me semble qu’il n’y a que les imbéciles qui ne se posent pas la question.

La trahison s’insinue là où on ne l’attend pas. Quelle est, Hervé Hamon, la nouvelle qui représente le plus, pour vous, la félonie, la déloyauté ou même la lâcheté ?

Je crois qu’aucun de mes traîtres n’est félon, déloyal et lâche. Je ne crois pas. Ceux-là ne sont pas très intéressants. À la limite, si on prend Iago, si on veut bien prendre Shakespeare, Iago il n’est pas intéressant parce qu’il trahit Othello. Il est intéressant parce qu’il est beaucoup plus complexe que ça, parce qu’il jalouse Othello, parce que… il a tout cela. Donc, ce sont ces autres ressorts de la trahison. Moi, quelqu’un qui trahit pour de l’argent, aucun intérêt ! Donc j’ai fait une nouvelle sur Judas, en disant que Judas, bien sûr, c’était un type très intéressant, que sans Judas, sans… il a pas du tout fait ça pour quarante deniers, Judas, ça l’intéresse pas du tout. C’est un homme, c’est un militant désintéressé de la cause araméenne, et s’il trahit Jésus, c’est parce que Jésus le déçoit. Et, à ce moment-là, Judas devient un personnage complexe, formidable dont Jésus a besoin. Et l’un a besoin de l’autre. Donc c’est… encore une fois, moi, j’ai de la tendresse pour mes traîtres.

Vous vous inspirez de l’actualité télévisuelle, par exemple, dans votre nouvelle La Nouvelle Star. L’humour apparaît-il alors comme une arme pour dénoncer un peu les travers malheureux d’une société ?

Je ne crois pas que je voulais dénoncer. J’ai été très accro des premières éditions de La Nouvelle Star. Et, ça m’intéressait beaucoup parce qu’à l’époque, je travaillais sur l’école, et je trouvais que les candidats de La Nouvelle Star, c’était un peu mes clients. Ceux que je retrouvais en banlieue, et tout ça. Et je les aimais bien, d’ailleurs, j’ai fait une nouvelle en m’amusant à parodier le langage très codé de banlieue, « on est trop ceci… » Enfin bon, ça m’amusait. Et j’ai pris deux filles, qui sont dans une file d’attente avant une audition à La Nouvelle Star. Et, après il se passe des choses, bien sûr… Non, je ne voulais pas dénoncer… je ne voulais même pas dénoncer l’émission, je voulais montrer sa cruauté, c'est-à-dire quelle énergie, quelle passion, quel espoir, les gens mettent là-dedans, comment ils pensent que c’est vraiment la chance de leur vie, quoi. Et comment ça dérape à tous les coups, évidemment, ou quasiment à tous les coups. Non, moi, je pense que c’est plutôt l’amour de mes personnages qui m’attirait là-dedans, qui m’intéressait. Et, en fait, La Nouvelle Star, ils chantent des chansons qui sont pas très intéressantes, mais ils ont du talent. Si on leur donnait autre chose à chanter, ils seraient quand même… ils vaudraient le coup.

Dans Jour de gloire, vous décrivez la mascarade qu’il y a autour des prix littéraires parisiens. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ça, c’est… pour les gens qui m’ont connu tout petit, c’est une grande constante de mon œuvre. J’avais publié, en 1981, donc c’est quand même pas d’hier, un livre qui s’appelait Les Intellocrates. Et, bon, il faut savoir qu’il y a des prix très honnêtes et qu’il y en a quelques autres qui sont de la tambouille, c'est-à-dire que les jurés sont directement, ou plutôt indirectement, rétribués par des éditeurs qui contrôlent le prix. Bon, voilà. Ça a toujours été comme ça, c’est vieux comme l’édition, ça. Et ça ne veut pas dire que les gens qui ont le prix ne sont pas des gens talentueux. Juste… juste, c’est pas juste.

Quel aurait été le thème d’une treizième nouvelle ?

Oh ça j’en avais plein, alors ça, vraiment… non. Je ne dirai certainement pas que je ne vais pas en faire un autre. Ah non non, ça, moi je resigne pour douze.

Merci beaucoup, Hervé Hamon.