Date de parution
14 mars 2013
ISBN
9782918135746
Prix
19,90 €
Nombre de pages
116
Format
260mm x 220mm
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La parole des paysans


Quelques mots sur le livre

"La parole des paysans" a été mis en image par Vincent Michel. Ce photographe a su capter avec justesse l'identité de chacune des personnes présentes dans ce livre.

Quatrième de couverture

En 60 ans, le monde paysan a connu une vraie révolution. La retracer est essentiel pour comprendre la Bretagne d’aujourd’hui. Journaliste, puis rédacteur en chef adjoint à Ouest-France, « fils de plouc » qui a l’âge de cette mutation, Paul Goupil est allé à la rencontre de ceux qui l’ont vécue, subie ou portée, et de ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité. De la charrue poussée derrière les chevaux dans les champs aux ordina- teurs qui suivent l’évolution du troupeau, les méthodes ont été bouleversées. Que pensent, que disent ceux qui ont vu leur monde transformé par la révolution technique, secoué par le libre- échange, bousculé par les attentes nouvelles des citadins ? À travers quinze tableaux sensibles, trois générations de paysans, et ceux qui les côtoient – responsables économiques, enseignants agricoles, chercheurs, militants écologistes – expriment plus de diversité qu’on ne l’entend souvent. Fils de paysans ou « hors- venus » partagent la même passion, le même amour de leur travail. Mais au fil des confidences, on devine la pression administrative trop pesante, le poids des difficultés financières, celui de la soli- tude, la lassitude parfois. Ces parlers vrais invitent à un débat, entre Bretons, sur l’avenir d’un « modèle » à la recherche d’un nouveau souffle. Les photos de Vincent Michel illustrent avec tact la vérité d’un monde qui mérite d’être mieux connu de tous.

Vidéos

Critique : "Paul Goupil et les hommes de Terre"

Article publié dans Ouest-France le 16 mars 2013

II a moissonné des gens. Un bouquet d'hommes solides et de femmes costaudes. Une galerie de tronches et de tranches de vies, croquée au bout du crayon, couchée sur le papier, réalisée sur le motif, à l'oreille, à l'oeil nu. Paul Goupil, jeune retraité de la redaction en chef d'Ouest-France, vient de pratiquer le beau metier du grand dehors. Libre comme l'air, il est parti battre la campagne, nez au vent, au cul des vaches, au ras des choses et du sol. Qu'en a-t-il ramené ? Un René Bodiguel, forte tête, dont le plus beau souvenir est d'avoir « remis un jour un homme debout », un collègue acculé, un tout seul, un de ceux qui« tombent sans faire de bruit ». Ou un Jean Salmon, ancien de la nomenklatura de la FNSEA, habillé de sagesse, de contradictions et de lucidité, « à l'écoute des marchés et des écosystèmes ». Patrick Durand, le chercheur rennais martelant qu'accuser les paysans de tous les maux du monde, c'est « comme si on avait rendu les mineurs responsables des pluies acides ». II y a ces rois de l'intensif, conscients que l'agriculture est « un château de cartes fragile ». Ou ce proviseur des Monts d'Arrée qui prévenait ses élèves candidats à la terre : « Vous serez peut-être riches, maîs vous serez seuls. » Paul Goupil, le fils de paysan de Vern-sur-Seiche, a bottelé quinze portraits fouillés, sensibles et stylés. II ressort une Bretagne des champs à cran, zizanique, au coeur des interrogations du monde, écartelée entre ce que la société lui demandait hier et ce qu'elle en attend demain. Une Bretagne avec des visages. Et des phrases qu'il fallait aller chercher. Comme celle-ci : « Notre métier se coltine du vivant, ce n'est pas la même chose que faire des bagnoles. »

Par François Simon.